Focus sur le Projet AVAQ de la Mda de Saint-Benoît

Publiée le 29 février 2024

Lauréate de l’Appel à projet, Fonds de participation 2023 du RNMA, la Maison des Associations de Saint-Benoît s’est lancée dans une initiative pionnière visant à renforcer la dynamique associative au sein des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) de Saint-Benoît. 

Le projet AVAQ est le bon exemple pour tirer des premiers enseignements sur ce dispositif afin de le rendre essaimable sur d’autres territoires. 

Fruit du partenariat entre la Direction Politique de la Ville de Saint-Benoît et de la Mda de Saint-Benoît, le 13 février 2024,nous avons pu échanger avec Alexandre Lacroix, chargé de Mission Accompagnateur de la Vie Associative dans les Quartiers Prioritaires de la Ville sur ce projet ambitieux. 



Pourrais-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton poste au sein de ta structure ?

"Bonjour à toutes et à tous, je suis Alexandre Lacroix, accompagnateur de la vie associative dans les Quartiers pour la Maison des Associations de Saint-Benoît à l'île de La Réunion.


J’ai rejoint la Maison des Associations de Saint-Benoît en tant qu’accompagnateur de la vie associative dans les quartiers en mai 2023. Mon poste de chargé de mission consiste à l'apport d’un accompagnement à 360° aux porteurs de projets associatifs ainsi qu’aux associations menant leurs actions dans les quartiers prioritaires de Saint-Benoît."


Peux-tu présenter le projet AVAQ ? Quels sont ses objectifs ? Pourquoi est-il important pour toi ?

"Le projet AVAQ est un projet expérimental, innovant, mis en place dans un partenariat entre la Maison des Associations de Saint-Benoît et le service Direction Politique de la ville de Saint-Benoît.

C’est un dispositif qui consiste en un accompagnement hors-les-murs, où je suis détaché prioritairement dans les maisons de quartier des QPV de Saint-Benoît qui sont Beaufonds, Labourdonnais, Bras-Fusil, Europe, Fragrance et Sainte-Anne.

L’idée est d’étendre les apports de la MDA sur site à Bras-Fusil et notamment l’accompagnement dans les autres quartiers hors-les-murs."


Le projet a débuté vers mai/juin 2023, quelles sont tes premières observations ?

"Ce fut une prise de poste où j’ai rapidement pu apprendre les missions d’accompagnateur de la vie associative grâce à une équipe professionnelle et dynamique composée du directeur de la MDA, Jimmy Bègue, de la présidente Jocelyne Mardom et du conseil d’administration, ainsi que de mes collègues accompagnateurs de la vie associative Reine-Guy Lebihan et Brendan Techer.

Les 57e Rencontres Nationales du RNMA que nous avons eu le plaisir d’accueillir à La Réunion ont été également un vrai déclencheur et un boost professionnel. Fort de cette expérience, j'ai pu continuer d’affuter mes outils et mon expérience pour mieux accompagner hors-les-murs les associations. 

En termes de premières observations, je n’avais pas soupçonné l’importance d’une thématique sociale aussi prégnante. Selon les rapports de l’Insee publiés sur le taux de pauvreté sur l’île de la Réunion :  avec 36 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté en 2020, La Réunion est le troisième département le plus pauvre de France.

A fortiori, la région Est, dans laquelle nous opérons prioritairement, est la région la plus vulnérable de tout le département. Dans les QPV de cette région Est au fort taux de pauvreté, nous avons une composante sociale assez marquée.

Les enjeux majeurs selon moi ne se situent pas tant en matière de compétences techniques ou intellectuelles, de pauvreté matérielle ou financière qu’en termes de soft skills : la confiance en soi, l’estime de soi, le fait de trouver sa place dans la société et d’y avoir une voix. Il y a un vrai travail à accomplir sur ce sujet car nous pouvons toujours apprendre des compétences techniques, et la MDA propose des formations dans ce sens (Canva, etc.) mais il ne faut pas négliger les compétences émotionnelles qui sont le moteur de ces dernières.

Ce qui est intéressant, c’est d’aller vers les habitants et leur faire comprendre, en français ou en créole, qu’ils méritent leur place dans la société et qu’un groupement de citoyens, une association en devenir ou une association déclarée, peuvent constituer une potentielle voie pour construire leur place et accomplir des choses sur leur territoire.

Les premières observations sont donc une situation sociale difficile mais qui ne constitue que des défis à relever et des épreuves à surmonter."


Pourquoi ce projet est une plus-value pour les membres du RNMA ?

Les enseignements que nous pouvons tirer dans ce bilan intermédiaire du projet AVAQ pourraient être duplicables à d’autres MDA ayant vocation à travailler dans les QPV.

Nous avons eu une augmentation assez significative du nombre d’adhérents à la MDA, pas uniquement attribuable au projet AVAQ, mais le fait d’aller hors-les-murs au sein des territoires pour porter des accompagnements, des expertises et aider des porteurs de projets ou le développement d’associations existantes, c’est duplicable et c’est une réelle plus-value pour l’ensemble des membres du RNMA.

Autre bénéfice pour les autres MDA : cet ancrage territorial de l’AVAQ permet également de démystifier les idées reçues des habitants des QPV sur la MDA. Nous constatons qu’au sein des quartiers, nous donnons les bons éléments et nous suscitons des adhésions. C’est intéressant parce que cela permet d’expliquer en temps réel et au plus près des habitants, les missions et actions de la MDA de Saint-Benoît, qui est une MDA associative."


Au second trimestre 2024, vous entamerez la phase d'évaluation intermédiaire. Quels sont tes ressentis et tes attentes ?

"Nous avons un premier aperçu de ce que nous avons accompli sur ce projet AVAQ. Il s’agit désormais de continuer l’action et de produire des concepts. A partir des premiers bilans et conclusions établis, j’aimerais les formaliser dans un travail un peu plus conceptuel, y dégager l’essence de ce qui se joue au sein de ce projet pour les rendre duplicable et les essaimer au sein des autres MDA.

En termes d’évaluation, un premier bilan a été fourni et est assez intéressant. A présent, l’idée serait de passer à l’étape supérieure en formalisant le projet dans un travail de préparation de recherche pour voir quels concepts s’en dégagent et s’ils peuvent être étendus à l'ensemble des MDA qui y travaillent déjà."


(Propos recueillis par Emma Coriou - Assistante de communication au RNMA)



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