L'émergence de l'ingénierie de l'alliance par superposition à l'ingéniérie de projet

Cet article a été publié pour la première fois au sein du numéro 635 de Juris Associations en mars 2021, par Paul Bucau, Chargé de Développement territorial au RNMA.

Si la constitution d’alliances revêt un enjeu stratégique pour les organisations, il s’agit tout autant d’une pratique de la coopération entre les personnes qui se développe à de très nombreux niveaux. En s’intéressant aux actions de nos membres sur les territoires ces quelques dernières années, nous avons pu observer au sein du RNMA différentes manières de décliner cette question relationnelle. En interne aux associations, le développement des gouvernances partagées est un premier espace de changement des rapports entre les bénévoles, les administrateurs, les salariés et les partenaires, où la montée en compétence en outils d’intelligence collective contribue à bâtir des relations plus horizontales et renouvelle les modalités de décision ( lire ici). Dans la relation entre les collectivités et les habitants ou associations s’opère également une transformation ; elle s’incarne par les démarches participatives qui se multiplient et qui en appellent souvent à un médiateur, ou facilitateur, dont la mission est de veiller à la bonne conduite du processus, en s’assurant du respect mutuel et de la construction d’un langage commun (lire en complément l'article Eclairages pour co-construire l'action publique).  Les projets de développement des territoires que portent les MDAs sont de plus en plus souvent marqués par une coopération avec plusieurs partenaires dès la phase de conception des actions pour répondre aux problématiques identifiées. Enfin la tendance à la construction d’actions avec les universités et les entreprises se renforce, les MDAs jouant le rôle de tête chercheuse pour rencontrer ces profils d’acteurs a priori éloignés et  identifier les possibles collaborations qui serviront in fine les associations locales 

Chaque typologie ainsi décrite est d’abord la résultante d’expérimentations dans lesquelles se sont aventurés des précurseurs, portés par l’intuition qu’en modifiant leur rapport à l’autre ils aboutiraient à des résultats plus riches. Par l’intermédiaire de réflexions collectives au sein de réseaux, tel que le RNMA, les professionnels qui accompagnent ces tendances sur les territoires s’imprègnent petit à petit de cette culture de la coopération, en conscientisent les facteurs de réussite et se dotent de méthodes de travail. C’est alors qu’émergence l’ingénierie d’alliance par superposition à l’ingénierie de projets. Continuons donc à mieux la comprendre pour contribuer à sa diffusion.