[COMMUNIQUE DE PRESSE] Lettre ouverte au Président de la République

Publiée le 29 avril 2022

COMMUNIQUE DE PRESSE
Le vendredi 29 avril 2022

Lettre ouverte au Président de la République


Monsieur le Président de la République,

Vous venez d’être réélu dimanche dernier et alors que vous préparez la composition de votre nouveau gouvernement, nous tenions à vous faire part de propositions et de constats concernant la vie associative dans notre pays.
Tout d’abord, quelques éléments sur le poids de ce secteur. Plus de 13 millions de bénévoles renouvellent chaque année leurs engagements, 1 800 000 salariés y exercent leur activité professionnelle, et quelques 25 millions de nos concitoyens pratiquent leurs activités au sein d’associations. Ce secteur représente 113,3 milliards d’euros, soit environ 3,3 % du PIB français.

Durant la pandémie, les associations ont montré, une fois de plus, leur inventivité, et leur capacité d’initiative.
De même qu’actuellement de nombreuses associations locales comme nationales participent activement à l’accueil des réfugiés ukrainiens sur notre territoire (apprentissage du français, accompagnement dans les démarches administratives, dons de vêtements et de produits de première nécessité, etc), participant à faire de la France une terre d’accueil digne de ce nom.
Aussi, au regard de ce que font les associations, de ce qu’elles apportent, de la valeur qu’elles créent sur les territoires, nous vous demandons tout d’abord de leur accorder un Ministère dédié dans votre nouveau gouvernement.
Nous vous interpellons également afin de faire reconnaître la place du secteur associatif et son rôle dans notre société en instaurant dans le dialogue et la concertation, des mesures et des projets de lois qui renforcent sa capacité à mener à bien ses projets et actions. Pour construire le monde de demain et participer au changement, les associations doivent être invitées « aux tables de propositions ».

Nous avons lu avec attention votre programme, et avons déploré que celui-ci ne mentionne aucune mesure dédiée à la vie associative et nous ne pouvons nous satisfaire de cette situation.
Lors de l’intervention de M. Christophe Castaner au rassemblement “Les associations face aux candidates et candidats” organisé par le Mouvement Associatif le 7 mars, celui-ci a indiqué :

“ L’engagement que nous devons prendre, c’est de travailler toujours mieux avec vous. Pour mieux associer les citoyens à la décision collective, le lien avec les associations est essentiel. Il y a des moments où l’intermédiation nous a manqué et on aura besoin du mouvement associatif si on veut arriver à la réhabilitation politique et donc à la participation.”

L’engagement au sein d’activités associatives est générateur de nombreuses externalités positives pour la société, nous le savons bien et ce bien au-delà des 1,5% estimés du PIB que représenterait le bénévolat s’il était valorisé. Facteur d’émancipation pour les individus, permettant de sortir des carcans sociaux ou culturels et de développer des compétences, formelles ou non formelles, dans un projet collectif, il est vecteur d’implication citoyenne, offre une alternative au chacun pour soi, et fait vivre le lien social sur les territoires. L’association est le terrain d’engagement collectif, et non uniquement un moyen d’atteindre le citoyen, comme l’entend Monsieur Castaner.
L’engagement dans l’association donne au citoyen la possibilité de passer du “je” au “nous”.
Les organisations rassemblées au sein du RNMA agissent tous les jours dans une multiplicité de domaines et avec des approches différentes mais avec des principes partagés et un socle de valeurs qui nous rassemble : égalité de tous et toutes, respect de la dignité de la personne, respect de la liberté de conscience, accès à l’exercice de la citoyenneté par l’engagement pour tous et toutes.

Ces principes sont clairement inscrits dans la Charte des engagements réciproques signée entre les pouvoirs publics et Le Mouvement associatif. Cette Charte signée dans sa forme actuelle en 2014 est un excellent outil de dialogue et de co-construction des politiques publiques territoriales et sectorielles qu’il serait pertinent de promouvoir à nouveau.

Fabrique du vivre-ensemble, les associations sont souvent plébiscitées, à juste titre, par les élu.e.s pour leur capacité à animer la vie locale, à lutter contre l’isolement, à favoriser la solidarité et la fraternité. Alors, comment ne pas s’interroger aujourd’hui sur la loi confortant les principes de la République qui sème le doute et la défiance entre le secteur associatif et les pouvoirs publics ?
À l’heure où les associations ont besoin d’être valorisées et soutenues dans leur rôle de fabrique à citoyens, pourquoi ajouter une loi supplémentaire alors qu’il existe déjà une charte d’engagements réciproques qui prône les valeurs républicaines et que les moyens de contrôle sont déjà établis ? D’autant que l’écrasante majorité des associations respecte ces valeurs et contribue à la paix et à la cohésion sociale dans les quartiers, les villes et les villages de métropole et d’outre-mer. Faites confiance aux bénévoles et représentants associatifs pour leur engagement sans faille au service d’une société démocratique et laïque !

Nous vous rappelons la nécessité du respect des libertés associatives, mises à mal par l’adoption du Contrat d’engagement Républicain, outil de contrôle administratif. Nous rappelons la nécessité du dialogue et de la co-construction avec les corps intermédiaires, ignorés et fragilisés au cours du dernier quinquennat. Nous rappelons la force de l’engagement associatif, libre et volontaire comme clé de la citoyenneté et de l’émancipation individuelle.
Des engagements suivis d’effets doivent être pris sur tous ces sujets comme sur de nombreux autres, permettant une mobilisation sociétale collective face aux enjeux sociaux, environnementaux et démocratiques et pour que les cinq prochaines années ne soient pas les mêmes que celles qui viennent de s’écouler. Nous y veillerons aux côtés du Mouvement Associatif.

En qualité d’acteurs responsables, nous sommes bien conscients des difficultés de notre pays, mais nous ne pouvons pas accepter des mesures ou des orientations qui sont pires que le mal. Aussi nous vous demandons une nouvelle fois, de rentrer en discussion avec les différentes têtes de réseaux associatives rassemblées autour du Mouvement Associatif pour que collectivement nous puissions réfléchir autrement et envisager des solutions qui participent réellement au développement de la vie associative dans notre pays tout en participant de son redressement. Il en va de son avenir, il en va du rôle et de la place que l’on souhaite donner à notre jeunesse aujourd’hui et demain dans l’économie sociale et solidaire, et plus globalement dans notre société.
En 2018, nous avons participé à l’élaboration du rapport « Pour une politique associative ambitieuse et le développement d’une société de l’engagement ». Celui-ci a été remis au Premier Ministre de l’époque le 8 juin. Il est le fruit d’une concertation entre les différents réseaux associatifs et propose 59 mesures  pour “fonder une politique structurée de la vie associative”. Au delà des mesures proposées, il s’agissait d’une véritable stratégie pour la vie associative inscrite autour de trois axes : 
  • Faire vivre les potentialités de la loi 1901, 
  • Bâtir une politique de développement, de soutien et de reconnaissance de la vie associative, 
  • Faciliter la mission d’intérêt général des associations. 
Ce rapport reste d’actualité et constitue une base sérieuse d’un futur travail concerté.
 
Nous vous remercions par avance pour l’attention que vous pourrez porter à notre lettre, restons à votre disposition pour entamer le dialogue et participer à ces futurs travaux de concertation, et vous prions de bien vouloir accepter, Monsieur le Président de la République, l’expression de nos sincères salutations.

Pour le Conseil d’Administration collégial du RNMA,
Loreline VIDAL, administratrice


>>> Voir le Communiqué de presse

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