Edito de S3A - Face au CER, on peut aussi faire de l’Education Populaire !

Publiée le 25 mars 2024


Face au CER, on peut aussi faire de l’Education Populaire !

Edito de Grégory Autier, directeur de S3A (Maison des associations d'Hérouville-Saint-Clair)

Depuis 2022, le CER fait partie du paysage associatif pour toute association qui souhaite bénéficier d’une subvention ou d’un agrément. Il s’impose à tous et présente la singularité d’avoir d’un côté réussi à réunir toutes les têtes de réseaux associatives nationales, voire plus, qui d’une même voix demandent son abrogation et, de l’autre d’être vécu comme une démarche administrative de plus, à travers une simple case à cocher dans un dossier cerfa pour des milliers d’associations locales sollicitant une subvention.



Sacré paradoxe pour notre société que de voir d’un côté les représentants du monde associatif ne pas être entendus par le Gouvernement dans leurs demandes face au risque pressenti de réduction des libertés associatives que fait peser le CER, avec ici ou là quelques cas qui donnent depuis écho et crédit à leurs propos. Et d’un autre côté l’immensité des associations locales qui cochent une case de plus dans le dossier Cerfa unique de demande de subvention, sans savoir forcément ce que cela veut dire pour elles, qui se disent qu’elles n’ont pas le choix pour rendre leur demande éligible, ou encore dont le Représentant Légal considère, sans discuter avec les autres dirigeants, que son association respecte bien évidemment les 7 engagements définis.

En qualité d’acteur de l’accompagnement associatif local, labellisé Guid’Asso Généraliste, c’est ce paradoxe qui nous a interpellé et fait réfléchir ! Pourquoi en sommes-nous là ? Pourquoi d’un côté le CER est un contrat qui cristallise les tensions, fragilise le dialogue avec les pouvoirs publics, est perçu comme une forme de défiance généralisée envers le monde associatif ? Et pourquoi localement, à partir de notre action sur notre territoire, nous avons eu le sentiment que pour un grand nombre d’associations, c’était un non sujet ou qu’il n’y avait pas le choix que de le signer peu importe son contenu, car ce qui préoccupe c’est la recherche de ressources pour conduire nos actions ? 

Partant de ces constats, il nous a semblé que notre rôle était aussi d’inscrire notre volonté d’agir dans une démarche d’Education Populaire en cherchant à construire une formation multi acteurs qui interroge la Place des Associations dans la République ! Derrière le CER, il y a aussi la nécessité de permettre une réappropriation du fait associatif par les dirigeants et les pouvoirs publics d’aujourd’hui, avec une mise en perspective de la nécessité d’un dialogue civil permanent entre les pouvoirs publics et les citoyens pour nous permettre d’agir ensemble sur nos territoires. La question des libertés associatives est interrogée mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement pour les bénévoles, les élus, les fonctionnaires d’aujourd’hui quand on met cela en lien avec le droit de s’associer, le séparatisme, la charte des engagements réciproques autre CER, la République … 

C’est donc sur le champ de la formation, du dialogue, de la coopération, de la pédagogie active que nous avons misé avec deux partenaires associatifs, formateurs dans le cadre du programme « Valeurs de la République et Laïcité », et le DRVA Normandie pour ensemble proposer une formation ouverte à tous (administrateurs/salariés d’associations, fonctionnaires d’Etat et de la collectivité, élus) qui vise à explorer les rapports entre associations et pouvoirs publics au regard des valeurs de la République et de la manière de les faire vivre et de les défendre.

Notre objectif collectif à travers cette action de formation, qui sera amenée à se reproduire en Normandie, est :

  • d’une part de participer de l’acculturation des acteurs concernant le fait associatif, ses racines, sa place et son rôle dans notre société,

  • d’autre part de parler du CER, de son origine, de ses objectifs initiaux pour éviter de lui faire dire ce qu’il ne dit pas ou de l’utiliser à mauvais escient du fait de sa rédaction imparfaite,

  • et enfin de multiplier les occasions de dialogue, de rencontres entre les pouvoirs publics et les acteurs associatifs pour mieux se connaître, se comprendre et chercher à agir ensemble sur les territoires


Rappel de la formation de S3A le 20 février 2024

Cette première session du 20 février a réuni  15 participants : 11 associations (6 bénévoles et 5 salariés) ; 4 représentants de l'Etat (3 DDVA et 1 administrative). D'autres sessions seront organisées en Normandie, avec la participation attendue des collectivités locales.


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