Expérimenter avec les entreprises locales

Cet article est tiré de l’interview vidéo  de Corine Romeu, directrice du CABV, effectuée en avril 2019 dans le cadre du Mooc de l’ESSEC sur les Nouveaux modèles socio-économiques des associations ( voir ici)

Le  Centre Associatif Boris Vian est la Maison des Associations de Vénissieux situé au sein de la Métropole de Lyon. Le CABV a expérimenté la construction de projets avec des entreprises locales

Qu’est-ce que le fond de dotation La Passerelle et comment est-il né ?
Depuis 2015, pour faire face aux restrictions budgétaires nous avons réfléchi avec les adhérents, avec les partenaires pour faire évoluer notre modèle économique parce que nous dépendons encore énormément de subventions publiques. Çela a donné lieu à pas mal d'initiatives qui ont été prises, de toute sorte, pour essayer d'équilibrer un peu mieux nos finances: faire rentrer une participation plus importante des adhérents, devenir organisme de formation professionnelle. La dernière des initiatives, c'est La Passerelle: un fond de dotation créé par le CABV qui a pour finalité de réunir associations et entreprises. Ce fonds a été créé avec le soutien de la ville qui nous a mis en contact avec des entreprises, entreprises ayant signé une charte de coopération avec la ville. En 2015 il y avait 25 entreprises, il y a maintenant une centaine d'entreprises qui ont signé cette charte de coopération. La contractualisation se fait sur un partenariat autour de l'accès à l'emploi, de la découverte des métiers mais aussi l'urbanisme, le développement durable, l'environnement. Autant de sujets qui pour nous sont très importants. 
La Passerelle est gérée par un conseil d'administration constitué de trois collèges, le collège entreprise, le collège membre du conseil d'administration du CABV puisque le président préside le fonds de dotation et un collège personnalités qualifiées qui par leur expertise nous apportent leurs compétences en matière soit d'accès à l'emploi, soit d'environnement ou même sur des dynamiques territoriales, comment affiner nos stratégies pour monter ce projet.  La Passerelle c'est donc à la fois un outil de projet et un outil de collecte de dons. L'équipe du CABV conduit les projets décidés par le conseil d'administration. Nous avons également constitué une Coop Asso. La Coop Asso n'a pas de structure juridique, ce sont des associations adhérentes, une vingtaine, choisies par le conseil d'administration de La Passerelle, et elles vont porter des projets d'intérêt général local. 

Comment le projet Resonnance est-il né ?
La ville de Vénissieux soutient cette initiative en facilitant la communication entre les associations et les entreprises. Dans notre stratégie de départ, même si les enjeux étaient bien identifiés, nous n'avions pas idée des moyens d'action puisque nous voulions construire avec ces différents partenaires. Il a fallu chercher et c'est ce que nous avons fait pendant un an quand même, Résonance n'est pas née tout de suite. 
On a commencé à identifier des actions que la Coop Asso pouvait monter et on a travaillé sur deux actions, dont une en direction du handicap en entreprise, et une journée sur les parcours professionnels féminins. Ce qui changeait fortement était le type d'organisation, il fallait imaginer des séquences assez courtes pour pouvoir inviter des entreprises à venir nous rejoindre, raccourcir tout ce qu'on pouvait faire habituellement comme les tables rondes ou les conférences, ou trouver d'autres formats que d'habitude comme un petit-déjeuner. Nous avons également proposé des formations aux associations de la Coop Asso sur ce qu’était que le mécénat, ce qu’était la responsabilité sociale des entreprises; ce sont des entreprises qui sont venues former nos associations. Enfin nous avions des temps d'animation! 


Qu’apportent les entreprises directement dans le projet?
Les associations ont des compétences qu’elles peuvent proposer aux entreprises dans des domaines très variés; on se disait que partir de là nous permettrait ensuite de rentrer en contact, de proposer un moment sympa et de pouvoir aussi évoquer tous les projets d'intérêt général qu'on porte. Le plus compliqué pour nous est de se dire à un moment donné comment on en fait un modèle économique et comment les entreprises vont participer à ce projet. A ce moment dans notre esprit, ça devait passer par du don… Nous avons pris contact avec une centaine d'entreprises sans résultat et là on a vraiment senti qu'il y avait quelque chose. On s'y prenait mal. Parler d'un développement de nouvelles actions, ce n'était pas l'objet en fait. 
Il fallait qu'on travaille sur recentrer nos pratiques. Faire évoluer nos pratiques et notre modèle devait être au cœur de la maison. En réfléchissant à cela, avec le CA, les assos et l'équipe évidemment,  on a commencé à imaginer Résonance, qui est née de ces interrogations. Travailler sur un espace de coworking, c'était aussi faire évoluer notre modèle économique mais en partant du centre de la maison.
Cette approche a tout de suite accroché avec le CA, avec les entreprises qu'on rencontrait, avec tous les acteurs du handicap puisque notre Résonance a pour particularité d'être adaptée aux personnes en situation de handicap. Ça a intéressé les entreprises partenaires et on a commencé à batir vraiment avec elles puisqu’elles nous proposaient de leur temps pour travailler sur ce projet. Je parle encore de projet parce que Résonance n'existe pas; on en est à cette phase de construction. On est aussi en train de retrouver notre Coop Asso, c'est-à-dire de projetter comment cet espace-là va pouvoir non seulement servir au CABV mais à toutes les associations qui constituent cette Coop Asso. Nous avons déjà quelques éléments qui petit à petit vont s'intégrer. Les associations peuvent proposer des services ou proposer leurs compétences dans le cadre de Résonance.


Quels enseignements majeurs retenir de votre démarche de co-construction ? 
La phase test, je crois qu'il faut passer par là, c'est-à-dire qu'il faut se faire une culture commune, un langage commun. Ce n'est pas gagné au départ ! Accepter de partir sans une feuille de route très écrite... Cette année test n'est pas très confortable parce qu'effectivement on fait des va-et-vient, on teste certaines choses qui n'ont pas de grand résultats.  Mais en même temps, quand on regarde l'année écoulée, il ne s'est pas rien passé et cette phase test était nécessaire.

.


Catégories
Co-construction et développement local

Typologies
Analyses & Théorie

Maisons
CABV - Maison des associations de Vénissieux

Date de publication
05/05/2019

Tags